Avec la baisse continue des taux de crédit immobilier, emprunter pour acheter coûte de moins en moins cher aux candidats à l’accession à la propriété. Mais les jeunes, les familles sans apport personnel et les salariés en CDD restent toujours pénalisés.
Le crédit immobilier en 2016 ? « Des taux toujours bas et même sans doute encore plus bas ». Telle est la bonne nouvelle à destination des candidats à l’accession à la propriété, délivrée par le courtier en crédit Meilleurtaux.com dans son observatoire des taux rendu public mardi. La chute est en effet vertigineuse car les particuliers qui empruntent sur 15 ans en mars 2014 décrochaient en moyenne un taux de 2,99% (hors assurance), 2% en mai 2015 et seulement 1,90 % en ce mois de mars 2016. Sur une durée de 20 ans, comptez 2,14% aujourd’hui (contre 3,30% en 2014) ; et sur 25 ans : 2,40 % (contre 3,71% en 2014). Pour un ménage, la baisse continue des taux se traduit soit par des économies, soit par une plus grande capacité d’emprunt. Ainsi pouvait-il emprunter 160.796 euros en 2012 (taux de 4,30%), alors qu’il peut aujourd’hui porter cette somme à 195.107 euros, sans pour autant augmenter son effort de remboursement, soit 1.000 euros par mois pendant 20 ans. Depuis deux ans, Meilleurstaux.com estime que la capacité d’emprunt a ainsi augmenté de 12 % en moyenne.
Pour les malchanceux qui ont souscrit un crédit entre 2006 et 2014, rien n’est perdu puisque le contexte est également très favorable à la renégociation, soit directement auprès de son banquier, soit en s’adressant à un courtier présent sur internet tel Meilleurstaux, Empruntis ou encore Voufinancer. Toutefois, l’opération devient intéressante seulement si le taux initial était supérieur à 3% et si le capital restant à rembourser est de 70.000 euros au moins. Par exemple, si vous avez emprunté 450.000 euros sur 25 ans en 2006 à 4% (hors assurance), vous pouvez espérer économiser 49.618 euros, en renégociant un nouveau crédit avec un taux beaucoup plus avantageux de 1,9%.
Dans cette météo des taux dans l’ensemble très favorable aux consommateurs, les conditions optimales sont systématiquement obtenues par les « bons » dossiers où les emprunteurs disposent d’un apport personnel important et présentent un endettement réduit. Une configuration où les plus jeunes qui désirent accéder à la propriété, souvent en CDD, sont les plus pénalisés par des banques toujours très frileuses. Dans le contexte de baisse continue, la tentation des banques de revenir massivement à des taux variables freinerait sans doute le marché, car il ferait peser le risque sur les emprunteurs. Avec pour conséquence d’en décourager un grand nombre d’acheter.
Sylvain Deshayes